LES PROIES, DANS LE HAREM DE KADHAFI ♦ ANNICK COJEAN





Les proies : dans le harem de Kadhafi
de Annick Cojean


Genre : Biographie
Mon édition : Le livre de Poche
312 pages







Résumé : « Soraya, une fille d’à peine 15 ans repérée par Mouammar Kadhafi et enlevée dès le lendemain pour devenir, avec d’autres, son esclave sexuelle. Séquestrée plusieurs années, elle avait été battue, violée, exposée à toutes les perversions d’un tyran obsédé par le sexe. Il lui avait volé sa virginité et sa jeunesse, lui interdisant ainsi tout avenir respectable dans la société libyenne. Après l’avoir pleurée et plainte, sa famille la considérait désormais comme une traînée. Irrécupérable. A.C.
Une vie brisée. Une seule ? Non, des centaines, sans doute plus. Les Proies nous plonge dans les coulisses d’une dictature, dans les profondeurs d’un système esclavagiste terrifiant, aux complicités multiples, entre corruption, terreur, viols, crimes. »

♦ ♦ ♦ ♦ ♦

Mon avis :
J’ai commencé ce livre sans rien connaître du règne de Mouammar Kadhafi en Lybie, hormis sa destitution et sa mort en 2011. Ce livre a donc été un choc pour moi. 

Ce livre se présente en deux parties : la première avec le témoignage de Soraya, une jeune fille qui est restée plus ou moins 7 ans au service de Kadhafi, et la deuxième l’enquête de Annick Cojean sur les agissements de Kadhafi envers les femmes. 
Et soudain, il est arrivé. Dans un crépitement de flashes, entouré d'une nuée de gens et de femmes gardes du corps. Il portait une tenue blanche, le torse recouvert d'insignes, drapeaux et décorations, un châle beige sur les épaules de la même couleur que le petit bonnet posé sur sa tête et d'où émergeaient des cheveux très noirs. Ça s'est passé très vite. J'ai tendu le bouquet, puis j'ai pris sa main libre dans les miennes et l'ai embrassée en me courbant. J'ai senti alors qu'il comprimait étrangement ma paume. Puis il m'a jaugée, de haut en bas, d'un regard froid. Il a pressé mon épaule, posé une main sur ma tête en me caressant les cheveux. Et ce fut la fin de ma vie. Car ce geste, je l'ai appris plus tard, était un signe à l'adresse de ses gardes du corps signifiant: "Celle-là, je la veux !"
La première partie est la plus choquante. Le témoignage de Soraya est fort, sans filtre, et rempli de souffrance. Le traitement qu’on lui réserve chez elle, alors même qu’elle n’a pas eu d’autre choix que de rester à la disposition de Kadhafi pendant des années, est réellement bouleversant. On imagine mal une famille rejeter leur fille/sœur à cause d’un viol répété, et pourtant, c’est ce qu’il se passe dans certains pays. 
Le Guide, "ennemi de la polygamie", vivait avec de nombreuses femmes, mais pas avec la sienne.
L’image que nous voyons de Kadhafi dans ce livre contraste avec tout ce que je connaissais de lui, le peu de fois où je le voyais à la télévision. Il se posait en défenseur des femmes, de toutes les femmes. Il était entouré d’une garde militaire entièrement féminine, les amazones, qui, pour la grande majorité, n’était à son service que pour ses caprices sexuels et non pas pour sa protection. De la poudre aux yeux. Cet homme à la réputation si pieuse, cet homme de foi, était en fait un profanateur de tous les principes et de toutes les croyances qu’il défendait. 
Toute protestation était impensable. " Qui songerait, en enfer, à porter plainte contre le diable ? "
Annick Cojean a rencontré beaucoup d’hommes et de femmes victimes ou complices du Dictateur. Mais même parmi ses complices, on retrouve beaucoup de souffrance. Il est difficile d’imaginer que cet homme a pu diriger la Lybie pendant 42 longues années. 42 années, où, d’après certains de ses proches, il abusait de plusieurs femmes par jours, dont au moins 4 vierges, âgées la plupart du temps de 12 à 15 ans. 
Le vent du désert, dit-on, rend fou. Mais le soleil peu à peu a percé. Et Syrte est apparue. Ou plutôt son squelette.
Si ce document est purement révoltant contre le mutisme des Etats Occidentaux quand à cette situation, il nous montre le courage dont on fait preuve certaines femmes en témoignant. Le chemin pour être reconnues victimes et non coupables est encore long, dans une société où une femme violée déshonore les hommes de sa famille, et mérite par conséquent la mort. Les représailles sont un risque bien réel, et pourtant, ce document existe, grâce à elles. Merci à Annick Cojean d’avoir mis en lumière les dérives d’un Dictateur fou, et d’avoir persévéré dans sa recherche de la vérité. 

En conclusion : Gros coup de cœur, ce livre est poignant. Je le recommande à quiconque se sent suffisamment fort pour supporter cette lecture.

Ma note : ★★★★★

Prochaine lecture : Héros de l’Olympe #1 : Le héros perdu

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