LA COULEUR DES SENTIMENTS ♦ KATHRYN STOCKETT

Je vais diviser cette chronique en deux, une partie pour le livre, et l’autre pour le film adapté du livre.

◊ Le livre ◊

La couleur des sentiments

de Kathryn Stockett

♦

Genre : Roman Historique

Mon édition : La Loupe

525 pages

♦

Résumé : « Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.

Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. »

♦ ♦ ♦ ♦ ♦

Mon avis :

Ce livre est un véritable coup de cœur pour moi. L’histoire, la plume de l’auteur, les personnages, tout dans ce roman m’a plu.

J’aime beaucoup les livres pseudo-historiques, qui nous apprennent l’Histoire tout en restant un roman, avec une histoire vraie ou non. C’est le cas de ce livre. On apprend énormément de chose sur les mentalités de l’époque, sur la vie des personnes noires, mais aussi sur celle des personnes blanches, dans le Mississippi (et dans une grande partie des Etats-Unis, le Mississippi restant cependant l’état le plus conservateur) de 1962. L’histoire se déroule à travers les yeux de trois personnes : deux bonnes noires, Aibileen et Minny, et d’une jeune femme blanche, Skeeter.

L’ambiance générale que j’ai ressenti en lisant ce livre, c’est un sentiment de peur quasi-constant, que ce soit à travers les yeux de Minny ou Aibileen, ou ceux de Skeeter. A partir du moment où le projet du livre est maintenu et que les entretiens commencent, tous ces personnages vivent dans la peur d’être découverts. On ressent leur tension, leurs craintes, on vit leurs moments de stress quand les événements ne se déroulent pas comme prévu.

On commence ce livre avec Aibileen, une bonne noire assez âgée qui travaille depuis quelques années chez les Leefolt, une famille blanche aux revenus plutôt modestes de la ville de Jackson. Ce qui frappe le plus dans ce personnage c’est son besoin croissant de justice, ou du moins de reconnaissance envers les noirs, tout en aimant profondément chaque « bébé blanc » qu’elle a élevé, même une fois qu’ils deviennent adultes et agissent comme leurs parents. C’est un personnage sincère, attentionné, touchant.

Aibileen : Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire d’un extra-terrestre. (…) Un jour, un martien plein de sagesse descendit sur la Terre pour nous apprendre une ou deux choses.

Mae Mobley : Un martien ? Grand comment ?

Aibileen : Oh environ deux mètres !

Mae Mobley : Comment il s’appelait ?

Aibileen : Martien Luther King. (…) C’était un très gentil martien ce Luther King, exactement comme nous, avec un nez, une bouche et des cheveux sur la tête, mais les gens le regardaient parfois d’un drôle d’air, et je crois qu’il y en avait qui étaient carrément méchants avec lui.

Mae Mobley : Pourquoi Aibi ? Pourquoi ils étaient méchants avec lui ?

Aibileen : Parce qu’il était vert.

Le personnage de Minny est tout aussi attachant, peut-être même plus, grâce à sa franchise à toute épreuve, à sa « grande-gueule ». Au début du roman, Minny travaille pour la mère de Hilly Holbrook, la femme la plus influente de Jackson. Tout ne va pas se passer comme prévu pour elle, ajoutant une réelle touche comique à ce roman. Son histoire n’est pas toute rose non plus, la vie est plutôt dure pour elle et fait d’elle, à mon sens, le personnage le plus intéressant du livre.

Enfin, Skeeter est une jeune femme blanche, aux revenus plutôt confortables. Bien que sa mère rêve de la voir épouser un jour un homme de bonne situation, Skeeter rêve de devenir journaliste, ou écrivain. Skeeter est un « bébé blanc » élevé par une bonne noire, Constantine, qui, après 29 ans de service dans cette famille, part sans prévenir Skeeter quelques semaines avant son retour de l’université. C’est l’absence de Constantine qui lui ouvrira les yeux sur le traitement réservé aux bonnes de Jackson. Il en résultera le projet d’écrire un livre « The Help - entretiens de bonnes noires ». Grace à cette idée novatrice, elle se rendra compte petit à petit de la situation réelle des noirs de l’époque. Skeeter est un personnage complexe, qui profite des avantages de sa condition mais comprend que les choses doivent changer. Elle est assez naïve, puis évolue au fur et à mesure des événements.

Kathryn Stockett arrive à nous faire vivre chacune des trois histoires, notamment grâce à sa plume, qui change suivant le personnage. L’immersion a été totale pour moi, vivant les émotions des personnages comme si je vivais leur vie. Je suis restée un peu sur ma fin, j’aurai aimé voir les retombées du livre sur la vie des bonnes de Jackson, plus que les quelques pages sur cette partie.

En conclusion : Ce livre est un coup de cœur total !

Ma note : ★★★★★

♦ ♦ ♦ ♦ ♦

◊ Le film ◊

Ayant terminé le livre, j’ai décidé de regarder le film dans la foulée, tant que ce premier était encore frai dans mon esprit.

Le film est sorti en 2011, et voit dans son casting des actrices renommées telles que Emma Stone (Skeeter), Viola Davis (Aibileen) et Octavia Spencer (Minny). Ce film est un bijou, un excellent film, mais j’ai été déçue par certains événements oubliés ou modifiés. Ce film ne m’a pas non plus transmit le sentiment de peur qui règne dans le livre. Oui, par moment, on est un peu angoissé, un peu stressé, mais trop peu à mon sens. Ma grosse déception est sur l’histoire de Constantine, j’en attendais beaucoup et la simplification qui a été faite (pour la durée et la compréhension du film je suppose) m’a laissé un petit sentiment de trahison.

Cependant, c’est un très très bon film, une bonne adaptation, qui m’a certes déçue, mais qui mérite ses 4.6 étoiles.

♦ ♦ ♦ ♦ ♦

Si j’avais un conseil à vous donner, ce serait de d’abord voir le film, puis de lire le livre.

Prochaine lecture : Je voulais retrouver ma mère - Lion